CUREG 2.0

08. Réalité virtuelle et risque de cybermalaise : que faire ?

Question éthique concernée : mise en danger des participant-es

L’immersion en réalité virtuelle peut déclencher des effets indésirables très documentés dans la littérature et désignés par le terme cybermalaise (ou cybersickness). Les symptômes sont proches de la cinétose et ceux qui souffrent de cinétose sont davantage susceptibles de souffrir également de cybermalaise. Pour cette raison la CUREG recommande d’appliquer un critère d’exclusion des personnes sensibles à la cinétose (auto-déclaration des personnes d’une sensibilité au mal des transports) dans le cadre des recherches en réalité virtuelle.

Les symptômes de cybermalaise sont rarement graves et sont de courte durée. Par exemple, aller jusqu’à vomir est rare (moins de 15 pour 1000).

Les symptômes observés systématiquement chez une partie de la population (estimée à 20% dans les 30 premières minutes) sont, par ordre d’intensité décroissante, 1) la désorientation(vertige, déséquilibre); 2) les problèmes oculaires(fatigue des yeux, vision embrouillée, maux de tête) 3) les nausées(mal au coeur, étourdissements).

Ces risques sont amoindris dans les situations où des facteurs de protection sont présents :

– très faible délai dans la synchronisation des mouvements de la tête et des mouvements de la scène virtuelle (il est recommandé d’utiliser le matériel le plus récent possible, y compris en qui concerne les ordinateurs et les cartes graphiques).

– peu de mouvements rapides dans la scène (type défilement de paysage).

– l’âge : La littérature sur l’effet de l’âge est peu nombreuse, mais la plupart des études existantes indiquent que le cybermalaise diminue fortement à l’âge adulte, certains auteurs indiquant même qu’il est inexistant après 50 ans (Mousavi et al, 2013).

Néanmoins, même compte-tenu de ces éléments, il faut estimer qu’entre 0 et 20% des participants risque de ressentir un cybermalaise, ce qui justifie la mise en place d’un dispositif de contrôle et de prise en charge.

En ce qui concerne le dispositif de contrôle, le cybermalaise peut être détecté par observation du comportement de la personne (agitation, non-réponse…), par auto-déclaration de la personne, ou par une mesure single-item réalisée régulièrement (à la fin de la phase d’habituation puis à intervalles réguliers). Au-dessus d’un seuil fixé à l’avance la procédure doit être interrompue.

Conformément à la littérature, la gravité du cybermalaise sera au pire modérée. La personne devra être immédiatement déséquipée du casque et rester assise au moins 30mn (durée moyenne de disparition des symptômes reportée dans la littérature), et au moins jusqu’à ce que son auto-évaluation sur la mesure single-item soit redescendues à un niveau très bas. En cas de symptômes plus graves, les procédures préconisées pour les premiers secours seront appliquées.

Référence :

Mousavi, M., Jen, Y. H., & Musa, S. N. B. (2013). A review on cybersickness and usability in virtual environments. In Advanced Engineering Forum (Vol. 10, pp. 34-39). Trans Tech Publications Ltd. DOI: 10.4028/www.scientific.net/AEF.10.34